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Rapport d'exploration N°4 - La Cascade

Le 17 mai 2020


L’eau était bonne sous mes pieds. Les beaux jours revenant, Valentine et moi avions décidé de passer un peu plus de temps à Stormwood pour profiter de la forêt. Et, depuis trois jours, nous venions passer nos après-midis au petit Lac de l’Inspiration. Moins exposé et fréquenté par les Woodiens que le grand, il avait aussi la particularité d’être alimenté par une cascade magnifique.

C’est la Fée des Rivières qui nous l’avait conseillé, nous disant que le grand Lac serait très bruyant et qu’il y avait des choses bien plus intéressantes à découvrir ici. Ayant déjà rencontré les Ondines, nous avions choisi d’allier l’utile à l’agréable et sommes venues au petit Lac.

Nous n’avons pas été déçues. Entouré par la forêt, il était vraiment caché dans un cocon de verdure et seuls les pépiements des oiseaux venaient rompre le silence. Nous avions prévu de passer sous la cascade pour visiter la grotte entre-aperçue derrière elle.

« Tu comptes faire trempette longtemps ou on peut y aller ? m’a demandé Valentine en souriant.

- J’arrive j’arrive » j’ai répondu.

Chaussures aux pieds et lanterne magique à la main, je me suis aventuré la première sur le chemin étroit d’une dizaine de mètres qui longeait le mur de la cascade. Dos à lui, nous avons avancé pas à pas en prenant garde à ne pas déraper sur la pierre mouillée de gouttelettes projetées par la cascade. À mi-chemin, nous sommes passées dessous, mais nous ne pouvions pas encore apercevoir l’intérieur de la grotte.


Gouttes d'eau tombant d'un lit de mousse

J’entendais les pas de Valentine derrière moi, précautionneux. À la seconde où nous sommes passées sous la cascade, l’air s’est fait plus frais et les gazouillis des oiseaux plus lointains, jusqu’à entièrement disparaître. Quelques pas plus tard, nous étions dans la grotte.

Quelle ne fut pas notre déception en observant autour de nous. Nous étions dans une grotte des plus banale, d’environ deux mètres cinquante de hauteur pour six de large. Le sol était constellé de petits graviers et un tas de bois brulé se tenait au centre, assez loin pour ne pas être mouillé par la cascade. En me tournant vers Valentine, j’ai vu à sa moue contrariée qu’elle en attendait plus, comme moi.

« Il doit y avoir un passage secret ou quelque chose comme ça, a dit Valentine pleine d’espoir. Ça ne peut pas être que ça, la Fée des Rivières nous a dit qu’il y avait des choses à découvrir.

Haussant les épaules, j’ai répondu :

- Parfois les grottes sont juste des grottes. »

Fouillant malgré tout avec elle, je me suis chargée du côté droit de la grotte, explorant les moindres recoins à la recherche d’un élément qui nous aurait échappé tandis qu’elle faisait de même à l’opposé. Les lanternes magiques qui nous éclairaient nous venaient d’une Fée du Feu. Le métal était récolté et forgé par les Nains, dont les propriétés magiques permettent de conserver une flamme même par vent violent ou sous l’eau. La flamme, léguée par la Fée, ne s’éteint que si nous, porteuses des lanternes, le décidons. Elle se rallumera de la même manière, sur ordre de l’une de nous.

Après une vingtaine de minutes de recherches infructueuses, nous avons dû nous résoudre à accepter la décevante réalité : cette grotte ne recelait aucun secret.

« Peut-être que les choses intéressantes se trouvaient dehors… les fleurs et les végétaux qui poussent autour du lac et de la cascade sont en effet uniques » j’ai soupiré en tentant de me convaincre que les plantes pouvaient avoir quelque chose d’intéressant.

Amusée par mon ton blasé, Valentine a rétorqué :

« Je suis sûre que nous avons manqué des choses dehors, à force d’être obnubilées par cette grotte vide. »

Attrapant nos lanternes, nous nous sommes lentement dirigées vers le chemin de sortie, jetant furtivement des petits coups d’œil vers l’arrière dans l’espoir vain d’apercevoir, durant cette fraction de seconde, un élément qui nous aurait échappé. Mais rien. Suivant Valentine de près, j’ai tourné une dernière fois la tête sans rien distinguer. Mais ces quelques secondes d’inattention ont suffi pour que mon pied dérape sur la pierre mouillée. En me rattrapant à la paroi, j’ai laissé tomber ma lanterne dans l’eau frémissante, la voyant couler doucement jusqu’à buter sur un rocher à près de deux mètres de profondeur. Le choc, bien que grandement atténué par l’eau, a suffi à ouvrir la petite porte de la lanterne, permettant à l’eau pure d’inonder ma flamme magique.

« Oh regarde, la flamme devient violette sous l’eau, j’ai dit, fascinée.

Valentine s’est arrêtée au milieu du passage pour jeter un œil.

- Heureusement qu’elle brûle même sous l’eau, on va pouvoir explorer le monde sous-marin, m’a-t-elle lancé, taquine. »

J’ai grommelé, amusée, puis nous avons rejoint la terre ferme afin de chercher une branche assez longue pour repêcher ma lanterne. Lorsque nous l’avons tirée de l’eau, encore remplie, sa lumière violette a illuminée l’entrée de la grotte et des motifs timide se sont dessinés. Ils se sont ensuite estompés rapidement à mesure que ma lanterne se vidait, mais nous les avions vus. D’un même mouvement, et sans nous consulter, nous avons toutes les deux plongé nos lanternes sous l’eau, puis avons soigneusement refermé la petite porte, capturant ainsi l’eau miraculeuse. Et, reprenant le même parcours que celui que nous avions pris quelques minutes plus tôt, nous avons découvert une toute nouvelle grotte.

Comme des enfants dans un magasin de jouets, nous avons parcouru avec attention le moindre centimètre carré de la grotte, nous extasiant devant les dessins, criant lorsque nous trouvions des gravures de créatures inconnues, courant rejoindre l’autre pour observer avec elle les histoires peintes sur les murs. En plus des dessins et autres gravures, il y avait des textes. Dans une langue inconnue, avec des caractères si particuliers qu’il nous était impossible de comprendre ce que nous avions sous les yeux, mais des textes tout de même.

« C’est incroyable » j’ai dit, assise au milieu de la grotte avec Valentine.

Cela faisait plus de deux heures que nous observions les murs de la grotte sans nous lasser, et nous étions épuisées.

« Oui, j’ai l’impression d’avoir découvert un univers fou et de n’avoir rien appris en même temps. On ne peut pas comprendre ce qu’il y a aux murs, on ne peut ni lire les textes ni comprendre ce que racontent les dessins car les créatures dessus ne nous parlent pas du tout.

- Hmm, finalement on n’a pas beaucoup avancé hein, j’ai pouffé faiblement, fatiguée.

- Non… »

Seul le bruit de la cascade nous parvenait, tandis que nous étions perdues dans nos pensées. J’étais frustrée, la découverte des inscriptions m’avait donné beaucoup d’espoir, et j’avais l’impression d’avoir perdu mon temps.


À suivre...

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